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Orléans en guerre.
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1944 - Libération d'Orléans
Les Américains arrivent à Orléans
Depuis le début de juillet, une atmosphère de fièvre régnait en ville. Dans leur avance foudroyante, et pour ne pas renseigner l'ennemi en déroute, les Alliés ne nous donnaient que de faibles renseignements sur les opérations.
Dans la soirée du mardi 8 août, un grand espoir était né. Une bonne nouvelle s'était répandue dans Orléans comme une traînée de poudre : les Américains sont à Beaugency.
Sans souci des Allemands que l'on rencontrait encore à chaque pas, nos concitoyens s'abordaient joyeux. En effet, une activité inaccoutumée autour des immeubles abritant les services allemands semblait confirmer cette nouvelle. Boulevard Alexandre-Martin, devant la maison entourée de barbelés où les tortionnaires de la Gestapo avaient leurs services, des camions étaient chargés de meubles et de papiers, sans oublier d'énormes pots de grès pleins de porc salé, des terrines de pâtés, des boîtes de conserves de quoi alimenter toutes les charcuteries de la ville... Faubourg Bourgogne, des convois de toutes sortes fuyaient vers l'est.
Pendant le pont du 15 août, la ville fut presque morte. Les magasins étaient fermés et les Orléanais qui couchaient en banlieue depuis les bombardements ne revinrent pas en ville. On apprenait cependant que les avant-gardes américaines étaient venues à Beaugency et ce renseignement, cette fois, était exact.
De leur côté, les F.F.I. de l'ouest de la ville s'étant rassemblés depuis quelques jours, étaient passés à l'action. Les contacts avaient été pris avec l'armée américaine arrivant de la direction de Vendôme. L'exode des Allemands, vers l'est et vers le sud, s'accentuait.
Le 16 août, dès le matin, le bruit se répand en ville que les chars américains ont dépassé Huisseau-sur-Mauves et se dirigent vers Orléans. La canonnade se rapproche, et les Allemands organisent des défenses assez sérieuses, avec des autos-mitrailleuses et de l'artillerie, faubourg Saint-Jean, vers le boulevard de Châteaudun, rue Basse-d'Ingré et à la Madeleine. C'est à éluder cette défense vers le nord que les troupes américaines vont appliquer leurs efforts. Vers 10 heures, une forte colonne, venant d'Ormes, passe à travers champs vers Saran pour gagner la rue des Murlins et le faubourg Bannier. Les Allemands qui se trouvaient encore aux Aydes et au champ d'aviation, s'enfuient en hâte vers la ville.
Un peu avant midi, les premiers blindés venant du nord, apparaissent sur la route de Paris et font halte vers la Vallée. Des incendies s'allument en ville : les Allemands ont mis le feu avant leur départ au parc à fourrage et à la manutention. Ils ont tenté aussi de faire sauter le relai des P.T.T., rue Eugène Vignat. La bombe n'ayant pas éclaté, ils l'incendient avec des grenades. Depuis midi, des appareils alliés survolent la ville et mitraillent par endroits. Vers 13 heures, voyant la colonne américaine stationnée aux Aydes, quelques habitants du faubourg Bannier se sont portés au-devant d'elle avec des drapeaux blancs.
Les premiers soldats américains pénètrent dans la ville. Des fantassins, fusil en mains, prêts à tirer, marchent en file indienne sur chaque trottoir. Les blindés et voitures avancent lentement sur la chaussée. Sur chaque voiture, des soldats tiennent leurs fusils braqués sur les fenêtres. Mais aucun coup de feu ne part. Il n'y a dans les maisons que des Français, joyeux, qui acclament leurs libérateurs.
Près du dépôt des tramways, la défense allemande tira quelques rafales de mitrailleuses, puis se replia rapidement, dès la sévère riposte des Américains. La colonne continua sa marche dans un silence impressionnant. Pas un cri, pas un ordre, seulement le ronronnement des moteurs. Place Gambetta, une auto-mitrailleuse allemande s'est mise en position. Elle tire quelques rafales, mais les Américains ripostent rapidement et l'auto-mitrailleuse prend feu. Les deux soldats qui l'occupent sont carbonisés.
Par la rue de la Bretonnerie, la colonne se dirige vers l'Hôtel de Ville tandis que des patrouilles s'engageant dans les rues voisines, chassaient les Allemands. Des civils se sont armés, on ne sait comment, et, courageusement, font le coup de feu aux côtés des Américains, ramenant même des prisonniers. Les ennemis s'enfuient après une courte résistance. A 14 h30, les premiers Américains arrivent devant l'Hôtel de Ville tandis que les Allemands se retranchent à Saint-Loup et sur la rive gauche de la Loire. A 16h30, les drapeaux français, anglais, américain et russe sont hissés au fronton de la mairie et la foule chante la Marseillaise. Dès l'arrivée de la colonne, place de l'Étape, les officiers supérieurs s'étaient dirigés vers la préfecture, où les drapeaux français et américains flottent aussitôt. A 21h15, le pont Royal sautait, mais le combat s'éloignait. Seul, le duel d'artillerie continua pendant plusieurs jours d'une rive à l'autre de la Loire.
Le 17 août, toute la ville était pavoisée.
Le 23 août, le nouveau Conseil Municipal, issu de la Résistance, siégeait à l'Hôtel de Ville et élisait le Docteur Chevallier comme maire. La démocratie retrouvée se réorganisait et Orléans vivait ses premières journées de liberté en attendant de faire au Général de Gaulle, le 18 septembre, un accueil d'un enthousiasme.